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La relaxation guidée, comme son nom l’indique, est une technique qui vise à accompagner le processus de relaxation, parfois difficile à atteindre seul et sans outil. Fini l’énervement qui vous prend quand un médecin, un proche, une maman vous dit « détends-toi ! » A l’aide d’une musique apaisante enveloppant une voix chaude et bienveillante qui vous indique le chemin à suivre pour descendre en vous-même dans un état de semi-conscience, à mi-chemin entre le rêve et la rêverie, vous allez apprendre à lâcher prise, à renaître au présent immédiat, en chassant les idées entêtantes. La relaxation guidée utilise parfois aussi des images sur lesquelles l’attention peut venir se fixer et nourrir le voyage du réel social au réel intime. Exemple ici.
La relaxation guidée permet de lutter contre certaines douleurs morales et physiques et fournit l’occasion d’un travail sur la respiration, qui détermine entre autres une détente musculaire. C’est la modification de l’état de conscience qui peut s’avérer thérapeutique en entraînant la détente mentale et musculaire ; la relaxation guidée, comme les autres techniques de relaxation tels le training autogène ou la sophrologie, dérive initialement de l’hypnose, mais elle a comme particularité, en se basant sur deux dimensions seulement de la perception que sont l’ouïe et la vue, de ne pas impliquer physiquement le corps du thérapeute, ni non plus le corps du patient à l’exception de ses efforts de respiration. Si la conscience du corps (réel et imaginaire) est très largement impliquée, la mécanique du mouvement est, elle, laissée au vestiaire.
Rien de nouveau dans ce que la musique puisse infléchir nos états en agissant sur nos émotions. Toutes les théories de thérapies sonores, utilisées ensuite dans différents protocoles de traitement ou simplement d’accompagnement de la personne, se basent sur ces fonctions agissantes de la musique et des fréquences qu’elle emprunte pour venir jusqu’à nous. Techniquement, cela se traduit, en musicothérapie, par le souhait d’amener le cerveau de celui qui écoute en ondes cérébrales de type alpha, correspondant à l’état dit sophroliminal. La relaxation guidée utilise une musique instrumentale (la place doit être faite à la voix qui guide le processus de relaxation) aux vertus apaisantes, qui mélange souvent le son des instruments (beaucoup de piano ou d’instruments venus d’Asie, mais aussi des instruments d’orchestration classique comme le violoncelle, le violon, le violon chinois, etc.) à des enregistrements de la nature (oiseaux, vagues, vent, etc.). Ce sont le plus souvent des rythmes lents, des sons doux et riches en harmoniques, des arrangements assez minimalistes, pour des mélodies qu’on qualifie de « légères » et de « positives ». Un nombre croissant de disques est désormais disponible sur le marché.
Depuis notre enfance nous savons le pouvoir des contes et des histoires, des mythes, des légendes, qui, nous entraînant sur le chemin du rêve par le bercement de la voix, nous apaisent et nous conduisent doucement au sommeil. Le philosophe Jacques Derrida a beaucoup écrit sur les pouvoirs de cette voix qui est « ce qu’il y a derrière les mots » et dont l’histoire est, dit-il, « inséparable de l’histoire de la conscience. » La relaxation guidée utilise pleinement ces facultés scientifiquement magiques de notre organe vocal au-delà même du contenu des mots véhiculés. Ainsi, pour choisir votre CD de relaxation, ne vous fiez pas qu’à la musique, mais prenez le temps d’écouter en profondeur la voix de votre guide, qui doit vous parler le plus possible sur votre longueur d’onde, sans mauvais jeu de mots.
Toutes les techniques de relaxation guidée ne font pas appel aux images autres que mentales. Certaines se pratiquent les yeux fermés de préférence et invitent simplement au voyage cérébral, fait, pour beaucoup, de constructions visuelles (beaucoup plus que sonores, dans la mesure où la bande son justement nous est déjà donnée et que c’est elle qui induit la nature des images mentales : elle échappe donc en partie à notre propre création, se limitant à provoquer éventuellement des associations ou des réminiscences). Toutes les images mentales ne sont évidemment pas apaisantes pour tous, la même musique ne va pas créer la même image mentale pour chacun qui l’écoute ni forcément chaque fois qu’une même personne l’écoute. Mais la relaxation guidée introduit justement ce « guide » qui ne vous laisse pas entièrement suivre le libre cours de ces images mentales, puisqu’il vous tient la main d’un bout à l’autre et vous oriente, sans laisser égarer votre concentration.
De nombreux sites internet notamment proposent une visualisation pour vos séances de relaxation guidée, visualisations qui sont le plus souvent faites de paysages naturels, séduisants et apaisants par la couleur (le vert est réputé pour ses propriétés à la fois euphorisantes - pour l’association qu’elles entraînent avec la Nature, le Grand Air – mais aussi métaphoriques, oniriques, surréelles – couleur des extraterrestres, objet de superstitions), la lumière (jamais trop forte ni trop faible pour ne pas solliciter inutilement l’énergie oculaire), la lenteur (on aura essentiellement des plans fixes et qui durent, pas de mouvements parasites fatigants pour l’œil et exigeant un décryptage) et la présence éventuellement d’éléments structurels à caractère hypnotisant (comme les barrières, les quadrillages, damiers et autres). Certaines autres techniques auront en revanche recours à des images issues des philosophies orientales, comme les mandalas par exemple, et travailleront donc davantage sur les facultés hypnotiques des formes géométriques, des illusions d’optique, etc.
L’anxiété est souvent définie comme une « réaction émotionnelle avec des manifestations corporelles » (J.Marvaud). Elle peut être généralisée, incarnée dans une phobie, entraîner une somatisation ou s’associer plus généralement à une dépression. L’anxiété dépend d’une représentation menaçante que l’on se fait d’une situation à venir, perçue comme un danger. La relaxation va s’introduire dans cette émotion de peur en tentant de modifier les relations entre l’intérieur et l’extérieur et en proposant une réponse d’abord physique (musculaire) à la situation stressante. Même si les résultats de la recherche actuelle ne permettent pas encore de comprendre parfaitement les modes d’action physiologiques de la musique, il est toutefois démontré que par son action sensorielle, « provoquant une contre stimulation des fibres afférentes », par son action cognitive (associations : images, souvenirs…) par son action émotionnelle (favorisant les aspects positifs et dopant les hormones du plaisir), ainsi que par son action « comportementale » (le taux de mélatonine sérique augmente et réduit l’anxiété), la musique a bel et bien des effets sur le métabolisme. La relaxation guidée introduisant encore une dimension supplémentaire par rapport aux techniques diverses de relaxation ou de thérapies musicales, qu’elle encadre le travail imaginaire du patient, lui dessinant des bornes, qui peuvent s’avérer particulièrement utiles pour rassurer les personnes anxieuses et augmenter ainsi l’efficacité du soin.
La relaxation guidée est une technique qui se pratique généralement en solitaire et chez soi, mais de plus en plus de thérapeutes en tous genres tendent à utiliser ses méthodes dans des cadres particuliers, comme par exemple celui des adolescents anxieux, des personnes atteintes d’autisme ou les personnes âgées, en particulier dans l’accompagnement des malades Alzheimer. Chez les personnes âgées en effet, le rapport entre le corps et le fantasme est particulièrement fort et rétablir une « relation favorable », une harmonie ou sensation positive de son corps par la relaxation, s’avère souvent très utile. La relaxation guidée peut permettre à ces personnes de rencontrer et d’accepter leur corps d’aujourd’hui, tout en leur fournissant des clés pour se concentrer d’une manière un peu oubliée sur leur propre psychisme remis au centre, dans un processus que la psychanalyse qualifie de « restauration narcissique ». L’apaisement qu’entraîne la respiration est également un remède important contre les angoisses de mort, ramenant sans cesse le sujet au présent, à son présent.
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